Les sportifs sont souvent sujets à des blessures au niveau des muscles. Lors de leur rééducation, il est d'usage de procéder à une évaluation de leur force musculaire pour avoir un bilan du progrès de leur suivi. Les kinésithérapeutes disposent d'une série de tests pour avoir une idée de l'état de leur masse musculaire. Le testing par palpation musculaire, fait par un praticien expérimenté. Ce test a quand même ses limites, car il est subjectif et n'apporte pas assez de précision. Pour avoir des résultats plus précis, la NASA a introduit en 1967, l'isocinétisme, un test mis au point par James Perrine pour évaluer l'effet de l'apesanteur sur les astronautes après un séjour dans l'espace. Ce test a l'avantage d'être plus fiable et moins sujet à des éléments que ne prennent pas en compte les autres tests. Aujourd'hui, l'isocinétisme est le test adopté par les kinésithérapeutes pour suivre la rééducation des sportifs en cas de lésion des muscles.
Pourquoi faire un test isocinétique ?
Le test isocinétique est effectué par un appareil appelé le dynamomètre isocinétique. C'est un appareil qui régule la vitesse de contraction des muscles et la résistance lors de l'effort. Il comprend trois modules.
- Le dynamomètre, qui assure la constance de la vitesse préprogrammée.
- Les accessoires, comme les sangles qui assurent le maintien du patient dans une position qui évite que l'axe de rotation articulaire soit dans une position excentrique par rapport à l'axe du dynamomètre.
- Un système informatique qui permet d'enregistrer, de stocker et de traiter les données recueillies. Il assure aussi la sécurité du patient pendant le test et l'arrête au moindre problème.
L'isocinétisme est une méthode qui se distingue par sa précision et sa facilité d'utilisation
Grâce à ses critères de fiabilité, l'isocinétisme est une méthode utilisée pour des pathologies liées à la traumatologie, la rhumatologie ou la neurologie. Mais le secteur où son utilité fait ses preuves est celle de l'entraînement du sport de haut niveau et de la rééducation de sportifs ayant subi un traumatisme musculaire.
Quels sont les critères de validité et de fiabilité d'un dynamomètre isocinétique ?
Le dynamomètre isocinétique permet de pratiquer un exercice en un mouvement à vitesse constante dans lequel la résistance est adaptée automatiquement. Il permet une contraction maximale du muscle pour chaque degré de mouvement articulaire durant tout l'exercice. L'isocinétisme donne des bilans précis et objectifs et permet un renforcement musculaire et la rééducation. Grâce à une résistance de l'équipement, qui est inversement proportionnelle à la vitesse, il est possible d'établir un bilan précis de l'état musculaire du patient. Plus la vitesse est élevée et plus la résistance au mouvement est faible et inversement.
Un dynamomètre isocinétique doit répondre à des critères stricts pour garantir des résultats fiables
L'isocinétisme est devenu incontournable pour le diagnostic, la rééducation et l'entraînement et aussi dans des cas de problèmes neuro-musculaires. Les données fournies lors de tests isocinétiques doivent être minutieusement analysées en fonction de la situation clinique du patient. Afin de garantir des résultats fiables, le dynamomètre isocinétique doit répondre à des critères stricts.
- Un ensemble de renseignements sur l'historique du problème et les circonstances l'ayant précédées.
- Un échauffement standardisé avant le test.
- Une familiarisation à la procédure.
- Une installation rigoureuse sur la machine.
- Le bon protocole d'évaluation.
- Une interprétation pertinente des paramètres analysés.
L'évaluation musculaire isocinétique présente l'avantage d'être dynamique et de permettre une mesure de la force musculaire objectivable par des données quantitatives chiffrées. Ses mesures, comme le moment de force maximum, sont fiables et reproductibles. Elles permettent d'évaluer les capacités de production de force maximale d'un sujet et de les comparer au côté controlatéral précédemment examiné. Le dynamomètre isocinétique permet une rigueur dans la réalisation de l’évaluation pour obtenir des données reproductibles, à condition que le test soit fait en respectant les critères établis.
Quelles sont les alternatives à l'isocinétisme pour évaluer la force musculaire de manière plus précise ?
Un sportif ayant subi une ligamentoplastie du ligament croisé antérieur (LCA) du genou a besoin d'une rééducation pour retrouver son niveau d'avant l'opération. Le standard, dans ce cas, est de faire un test isocinétique du genou pour son résultat précis en matière de diagnostic. La Haute Autorité de Santé, recommande, dans ses protocoles de rééducation du LCA, une récupération de la force musculaire supérieure à 90% du côté controlatéral. Le constat est fait par isocinétisme. Or, ce test n'est pas à la portée de tous les kinésithérapeutes. D'une part, le dynamomètre isocinétique est assez onéreux. D'autre part, la manipulation et l'emploi d'un tel appareil demande une formation spécifique qui prend du temps. Il existe d'autres tests fonctionnels qui donnent des résultats assez précis et sont, avant tout, plus économiques, plus simples à utiliser et plus rapides à maîtriser.
Les autres méthodes pour mesurer la force musculaire et leur efficacité
Il existe d'autres possibilités pour contourner les éléments de coût et de rapidité et pouvoir avoir un suivi fiable de l'évolution de la force musculaire pour le kinésithérapeute. Il s'agit de mettre en place des tests dits fonctionnels.
- Le "single hop for distance test" - C'est un test ou le patient doit effectuer un saut sur une jambe, le plus loin possible, sans perdre l'équilibre et atterrir de pied ferme. La distance entre le point de départ et le talon du pied sur lequel il atterrit est prise, d'abord après le saut sur la jambe lésée, et ensuite sur la jambe saine. Le but est d'avoir une différence de moins de 10%. Le test sur une jambe a montré une forte fiabilité avec un coefficient de corrélation de 0,85% pour la jambe dominante et la jambe non-dominante. En sus des scores quantitatifs, la qualité mécanique du décollage et de l'atterrissage sont aussi analysés pour réduire le risque de récidive de la blessure.
- Le "triple hop test" reproduit le même exercice à trois reprises consécutives sans perdre l'équilibre. La distance est ici mesurée entre le point de décollage et le point d'impact du gros orteil à l'atterrissage final. Une différence de moins de 10% est aussi déterminante entre le saut sur la jambe lésée et celui sur la jambe saine.
- Pour le "crossover hop test", l'athlète est invité à effectuer un saut à trois reprises consécutives avec un saut latéral entre les trois sauts sur une jambe. Cet exercice est réalisé sur chacune des deux jambes et les mesures prises entre le point de départ et le talon de la jambe d'atterrissage. Ici aussi, une différence de 10% maximum est visée entre les deux jambes.
- Une même différence est visée lors du test de saut sur une distance de 6m. L'athlète doit sauter à cloche-pied aussi loin que possible sur une distance de 6 m.
Il est à noter que si le patient a un score d'au moins 90% lors des tests de saut, le risque de récidive est largement diminué et une reprise du sport peut être envisagée après d'autres tests d'endurance et de mouvements fonctionnels.
Comment lire un bilan Isocinetique ?
L'exercice isocinétique consiste en un mouvement à vitesse constante dans lequel la résistance est automatiquement adaptée à la force appliquée. C'est ce mouvement, dans lequel la vitesse est maintenue, qui garantit une contraction musculaire maximale pour chaque degré de mouvement articulaire.
Les tests isocinétiques sont reconnus pour leur exactitude et leur reproductibilité
Ils sont l'étalon du protocole de rééducation après une blessure musculaire. La lecture et l'interprétation des données recueillies demandent une formation étendue. Il est, en effet, indispensable que l'interprétation soit précise et prenne en compte les paramètres considérés lors de la planification du test. L'age, le sexe, l'historique de la blessure et les antécédents, entre autres, sont des critères importants. Toutes les données sont enregistrées sur un PC et analysées en prenant en compte l'état clinique du patient. Cette approche permet d’obtenir un tableau synoptique des conditions du patient et d’évoluer correctement le test. L'isocinétisme est appelé à se développer avec les progrès technologiques et scientifiques pour prendre de plus en plus d'ampleur dans le domaine de la médecine sportive.